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Peut-on travailler avec une rupture du tendon supra-épineux ?

Vous ressentez une douleur vive à l’épaule après avoir porté une charge lourde ou effectué un geste brusque ? Vous avez du mal à lever le bras ou à vous habiller le matin ? Cette blessure, fréquente chez les travailleurs manuels et les sportifs, soulève une question légitime : peut-on continuer son activité professionnelle malgré une rupture du tendon supra-épineux ?

Voici ce que vous devez savoir :

  • La gravité compte : une rupture partielle permet parfois de continuer à travailler avec des adaptations, tandis qu’une rupture complète nécessite généralement un arrêt
  • Le type de métier est déterminant : un travail de bureau s’accommode mieux d’une telle blessure qu’un poste de maçon ou de peintre
  • Des droits existent : reconnaissance en maladie professionnelle, aménagements de poste, protection contre le licenciement
  • La rééducation reste la clé : sans accompagnement médical adapté, les risques de séquelles augmentent

Dans cet article, je vous aide à comprendre cette pathologie, à évaluer vos possibilités de reprise et à connaître vos droits en tant que salarié blessé.

Qu’est-ce que le tendon supra-épineux et pourquoi est-il si important ?

Le tendon supra-épineux fait partie d’un ensemble appelé la coiffe des rotateurs. Cette structure regroupe quatre tendons qui entourent l’articulation de l’épaule et assurent sa stabilité. Le supra-épineux, situé dans la partie supérieure de l’épaule, relie le muscle du même nom à l’humérus, l’os du bras.

Sa fonction principale ? Permettre de lever le bras sur le côté et maintenir la tête de l’humérus bien positionnée dans son articulation. Sans lui, impossible de tendre le bras pour attraper un objet en hauteur, de porter une charge ou même de se coiffer correctement.

Le problème, c’est que ce tendon est particulièrement sollicité et exposé aux frottements. Il passe dans un espace étroit sous l’acromion, une saillie osseuse de l’omoplate. Résultat : c’est le tendon le plus fréquemment blessé de l’épaule, notamment chez les personnes qui travaillent avec les bras levés ou qui manipulent des charges lourdes au quotidien.

Symptômes d’une rupture du tendon supra-épineux : comment les reconnaître ?

La rupture du tendon supra-épineux se manifeste généralement par plusieurs signaux d’alerte que vous ne devez pas ignorer.

La douleur arrive en tête des symptômes. Elle se localise sur le côté et le dessus de l’épaule, s’intensifie quand vous levez le bras ou dormez sur le côté atteint. Cette douleur nocturne est d’ailleurs caractéristique et perturbe souvent le sommeil.

La perte de force constitue le deuxième indicateur majeur. Vous constatez une faiblesse progressive ou brutale pour soulever des objets, écarter le bras du corps ou effectuer des mouvements qui vous semblaient simples auparavant. Porter un sac de courses devient pénible, voire impossible.

Les limitations de mouvement s’installent progressivement. Enfiler une veste, attacher un soutien-gorge dans le dos, attraper quelque chose sur une étagère haute : ces gestes du quotidien deviennent compliqués, parfois douloureux au point d’être abandonnés.

Certaines personnes remarquent aussi des craquements à la mobilisation de l’épaule, un gonflement localisé ou une sensibilité accrue au toucher de la zone blessée. Ces symptômes apparaissent soit brutalement après un traumatisme (chute, choc), soit progressivement dans le cadre d’une usure liée à des gestes répétitifs ou à l’âge.

Quels traitements pour une rupture du tendon supra-épineux ?

Le traitement dépend de la gravité de la rupture. On distingue deux grandes approches : conservatrice et chirurgicale.

Le traitement conservateur convient aux ruptures partielles et à certaines ruptures complètes chez des personnes peu actives. Il repose sur plusieurs piliers. Le repos relatif consiste à éviter les mouvements douloureux sans immobiliser complètement l’épaule. Les médicaments anti-inflammatoires et antidouleurs soulagent les symptômes aigus. Dans certains cas, votre médecin peut proposer des injections de corticoïdes directement dans l’épaule pour réduire l’inflammation.

La rééducation avec un kinésithérapeute joue un rôle central. Les séances visent à renforcer les muscles compensateurs, notamment le deltoïde qui peut partiellement pallier la défaillance du supra-épineux. Les exercices améliorent aussi la mobilité articulaire et corrigent les mauvaises postures qui ont pu contribuer à la blessure.

Le traitement chirurgical devient nécessaire quand le traitement conservateur échoue ou face à une rupture complète chez une personne active. L’intervention se fait généralement par arthroscopie, une technique mini-invasive qui utilise de petites incisions et une caméra. Le chirurgien suture le tendon déchiré et peut aussi modifier légèrement l’os acromion pour éviter les frottements futurs.

Après l’opération, comptez plusieurs mois de rééducation progressive. L’épaule reste immobilisée environ six semaines, puis vient une phase de mobilisation douce, suivie d’un renforcement musculaire qui peut durer jusqu’à six mois.

Combien de temps d’arrêt de travail après une rupture du tendon supra-épineux ?

La durée d’arrêt varie énormément selon la gravité de la blessure et votre profession. Pour une rupture partielle traitée de manière conservatrice, l’arrêt peut aller de quelques semaines à trois mois. Une rupture complète nécessitant une chirurgie impose généralement un arrêt de trois à six mois.

Le médecin du travail joue un rôle déterminant dans votre retour. Une visite de pré-reprise, organisée avant la fin de votre arrêt, permet d’anticiper les aménagements nécessaires à votre poste. Le médecin peut imposer des restrictions temporaires précises : pas de port de charges lourdes pendant six mois, pas de gestes au-dessus de l’épaule pendant quatre mois, limitation des amplitudes de mouvement.

La reprise peut se faire progressivement grâce au temps partiel thérapeutique. Ce dispositif vous permet de travailler à temps réduit tout en bénéficiant d’une compensation financière, le temps que votre épaule récupère complètement. Cette solution intermédiaire facilite la réadaptation et limite les risques de rechute.

Peut-on continuer à travailler avec une rupture du tendon supra-épineux ?

La réponse dépend avant tout de deux facteurs : la gravité de votre blessure et les contraintes physiques de votre métier.

Avec une rupture partielle, travailler reste envisageable si vous adaptez vos gestes et évitez les mouvements douloureux. Un employé de bureau pourra probablement continuer son activité avec quelques aménagements ergonomiques. Un travailleur manuel devra en revanche accepter des tâches allégées et éviter temporairement les efforts importants.

Avec une rupture complète, continuer devient beaucoup plus difficile, voire impossible dans les métiers physiques. La perte de force est trop importante pour permettre des gestes professionnels normaux. La reprise ne sera réaliste qu’après traitement et avec des adaptations significatives de votre poste.

Plusieurs signaux doivent vous pousser à arrêter immédiatement de travailler : une douleur intense après un choc, une perte de force brutale, l’impossibilité de lever le bras au-dessus de l’épaule, ou une douleur qui persiste malgré le repos et les médicaments. Forcer dans ces conditions aggrave les lésions et rallonge votre période de récupération.

Quels métiers sont les plus touchés par cette blessure de l’épaule ?

Certaines professions exposent davantage au risque de rupture du tendon supra-épineux.

Les travailleurs manuels arrivent en tête. Maçons, peintres, plombiers, électriciens, charpentiers effectuent quotidiennement des gestes avec les bras en hauteur et manipulent des charges lourdes dans des postures contraignantes. Pour ces métiers, une rupture du tendon impose souvent une réduction drastique des efforts, un transfert temporaire vers des tâches allégées ou l’utilisation prioritaire du bras non atteint.

Les sportifs de haut niveau sont également très exposés, particulièrement dans les disciplines qui sollicitent intensément l’épaule : volleyball, handball, tennis, baseball. Pour eux, l’impact sur la performance est majeur. La reprise sportive nécessite une chirurgie réussie et une rééducation exemplaire sur plusieurs mois.

Le personnel soignant subit aussi cette pathologie à cause des gestes physiques répétés, notamment lors des transferts de patients. La perte de force devient dangereuse autant pour le soignant que pour le patient. La prévention passe par des échauffements réguliers, un renforcement musculaire ciblé et l’utilisation de mobilier ergonomique.

Les employés de bureau ne sont pas épargnés, même si les contraintes semblent moindres. Une mauvaise position de la souris ou du clavier crée des tensions qui peuvent aggraver une rupture existante. Rapprocher ses équipements, utiliser un appui-bras et faire des pauses régulières limite ces risques.

Quels droits pour un salarié victime d’une rupture du tendon supra-épineux ?

Vous bénéficiez de plusieurs protections légales face à cette blessure.

Pendant votre arrêt maladie, vous êtes protégé contre le licenciement. Votre employeur ne peut pas rompre votre contrat pour ce motif, sauf circonstances exceptionnelles très encadrées par la loi.

Les indemnités journalières de la Sécurité sociale compensent votre perte de salaire. Elles sont calculées sur la base de vos trois derniers mois de rémunération. Selon votre convention collective, votre employeur peut compléter ces indemnités pour maintenir votre salaire à un niveau proche de votre rémunération habituelle.

La reconnaissance en maladie professionnelle change la donne financièrement et juridiquement. Pour l’obtenir, vous devez prouver le lien entre votre blessure et vos conditions de travail : gestes répétitifs, port de charges lourdes, postures contraignantes. Le tableau 57 des maladies professionnelles, géré par l’INRS, référence les pathologies de l’épaule liées au travail. Vous devez justifier au moins un an d’exposition.

Les avantages d’une reconnaissance en maladie professionnelle sont substantiels : prise en charge à 100 % de tous vos soins, indemnités journalières majorées, et possibilité d’obtenir une rente ou un capital si vous gardez des séquelles. Constituez un dossier solide avec vos certificats médicaux, votre historique professionnel détaillé et toutes les preuves d’exposition aux facteurs de risque.

Si votre employeur refuse les aménagements recommandés par le médecin du travail, vous pouvez faire appel à plusieurs recours : une nouvelle consultation auprès de la médecine du travail, une saisine de l’inspection du travail, ou l’aide d’un avocat spécialisé en droit du travail.

La rupture du tendon supra-épineux bouleverse votre vie professionnelle, mais des solutions existent. L’essentiel réside dans un diagnostic précoce, un traitement adapté et une bonne connaissance de vos droits. N’attendez pas que la douleur devienne insupportable pour consulter : plus la prise en charge est rapide, meilleures sont vos chances de récupération complète.

Léo

Décodeur de l’ère numérique, Léo explore l’univers du business et des nouvelles technologies pour vous livrer des contenus clairs, concrets et inspirants. Qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, d’entrepreneuriat ou d’outils no-code, il vous aide à rester à la page et surtout à prendre une longueur d’avance.

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